Enseigner le Kundalini Yoga, c’est quoi ?
Texte rédigé par Param Prakash Kaur, enseignante de Kundalini Yoga et membre de la FFKY
« Je pratique et j’étudie le Kundalini Yoga depuis 1998.
Je tente de partager ces enseignements que j’ai moi-même reçus de mes enseignant.e.s, de mes études et surtout de ma pratique assidue.
Avant d’être enseignante donc, je suis élève.
Quand je dis « avant », ce n’est pas dans le temps mais dans l’intention.
Être enseignante pour moi, ce n’est pas avoir décroché quelques diplômes et venir s’asseoir sur une estrade.
Tiens, d’ailleurs, où est-ce que j’ai bien pu les ranger, mes diplômes ?
Avant d’enseigner, il faut apprendre à être élève. Et vraiment, je ne suis avant tout qu’une éternelle élève.
Que sont mes 25 années d’étude et de pratique au regard des millénaires d’enseignement et de sagesse qui me précèdent ?
Lorsque je viens m’asseoir sur cette estrade, je chante d’abord l’Adi Mantra : “Ong Namo”.
“Namo” signifie à la fois” je m’incline” et “j’invoque ».
Je m’incline devant la sagesse des enseignements, je manifeste d’abord sincèrement mon humilité, et là je peux invoquer cette sagesse pour qu’elle me traverse, traverse l’espace, et traverse les élèves.
« JE » n’enseigne rien en fait.
J’ouvre simplement en moi avec ce mantra un espace de silence qui va permettre à la sagesse de la chaîne d’or des maîtres, des enseignant.es, des pratiquant.es du Kundalini Yoga à travers les âges, de s’écouler à travers moi.
Cet espace de silence, j’ai appris à le créer et à le maintenir, par ma pratique.
Et je n’ai plus, en étant ainsi sur la bonne longueur d’onde, qu’à servir de poste récepteur puis transmettre.
L’enseignement du Kundalini Yoga est à la fois très simple et très difficile.
Vous êtes-vous demandé pourquoi nous enseignons sur une estrade ?
Dans les autres yoga, il n’y a pas d’estrade, pas de turban.
Pourtant tout cela a un sens, ce n’est pas un carnaval.
L’estrade est là pour nous mettre au défi de la neutralité.
Lorsque je m’assois ici, avec mon beau turban, je suis physiquement au-dessus des élèves.
Je leur demande d’inspirer et ils inspirent. Je leur demande de lever la jambe à 60 degrés et ils lèvent la jambe à 60 degrés.
Et ça, tous les jours !
Vous imaginez le défi pour l’ego ?
Si je ne suis pas soutenue quotidiennement par ma pratique, vraiment tous les jours, si je ne suis pas élève avant tout, si je ne me réfère pas sans cesse à mes enseignants et aux enseignements, si je ne partage pas très régulièrement ma pratique avec mes pairs, ma sangat (communauté) alors là véritablement, à coup sûr, j’imploserais.
Parce que lorsque le mental n’a pas de discipline et pas de référence, alors, inévitablement, c’est l’ego qui est pris pour référence.
Et là, en général, ça finit très mal.
Sans cette référence constante aux enseignements, sans pratique assidue, sans discipline, je n’ai aucune légitimité à m’asseoir sur cette estrade.
Je suis élève avant tout.
Je n’enseigne rien qui viennent de moi.
Je n’ai jamais créé un seul Kriya, un seul pranayama. Pas la moindre petite posture…
Les enseignements que je transmets ne viennent pas de moi et mon seul et unique travail est de m’asseoir sur cette estrade et de faire abstraction de mon ego.
Il n’y a aucun prestige, aucune fierté à tirer de cela.
Bien au contraire, je suis infiniment reconnaissante et honorée d’avoir ce privilège.
Et toi, quel enseignant.e es-tu ? »
Param Prakash Kaur