Amrit Vela : pourquoi les yogi·ni·s se lèvent aussi tôt ?
Amrit Vela, c’est quand ?
« Sur chaque latitude et longitude, nous vivons selon la lumière du soleil. Quand le Soleil touche la Terre à 60 degrés, cela correspond seulement à deux moments. On l’appelle la zone de crépuscule – le matin Amrit Vela, et le soir Sandhya Vela. Quand nous sommes dans cette zone de crépuscule, le soleil est déjà parti, mais il ne fait pas encore tout à fait sombre. Ces deux périodes, dans chaque religion, sont indiquées pour la prière. Et qu’est-ce que la prière ? Simplement nettoyer votre esprit, pour que vous puissiez être vous-même ».
Yogi Bhajan – 21 mars 1991
Littéralement, Amrit Vela signifie « Les Heures du Nectar (Amrit) » ou encore les « Heures Ambrosiales ». Jolies dénominations qui désignent en fait la période avant l’aube, juste avant que le soleil se lève. Selon la saison et l’endroit où vous habitez, cette période de 3 heures varie en termes d’horaires.
C’est en fait lié à un antique système hindou de calcul de temps d’une journée qui était divisée en 8 périodes de 3 heures, pour former 24 heures.
Dans les textes originels, cette période se situe entre 3 heures et 6 heures du matin. Dans ce cas, adopter un style de vie yogique amènerait à dormir entre 21h et 3h du matin, et se lever pour méditer pendant ces fameuses heures ambrosiales. (Source : Wikipédia)
D’où vient ce terme ?
Dans le Siri Guru Granth Sahib, livre sacré des Sikhs qui contient de nombreux mantras et shabads qui accompagnent aujourd’hui la pratique du Kundalini Yoga, on trouve dès la deuxième page :
« Chantez le nom de Dieu et contemplez sa grandeur pendant l’Amritvela »
Dans le 4ème Pauree du Japji Sahib, on trouve ce passage :
ਅੰਮ੍ਰਿਤ ਵੇਲਾ ਸਚੁ ਨਾਉ ਵਡਿਆਈ ਵੀਚਾਰੁ ॥
amrit vaylaa sach naa-o vadi-aa-ee veechaar.
ਕਰਮੀ ਆਵੈ ਕਪੜਾ ਨਦਰੀ ਮੋਖੁ ਦੁਆਰੁ ॥
karmee aavai kaprhaa nadree mokh du-aar.
ਨਾਨਕ ਏਵੈ ਜਾਣੀਐ ਸਭੁ ਆਪੇ ਸਚਿਆਰੁ ॥4॥
naanak ayvai jaanee-ai sabh aapay sachiaar.
Qui peut se traduire de la façon suivante :
« Méditez profondément dans les heures ambrosiales,
Sur le Nam, profond et vaste.
Tous vos karmas seront couverts,
Et la porte de la libération s’ouvrira.
Ô Nanak, sache cela : une personne de Vérité contient l’Univers tout entier »
Pourquoi c’est important pour les yogi·ni·s ?
« Donc nous disons, levez-vous à 3 heures du matin, lavez-vous, faites vos exercices, faites ce que vous voulez, et à 4 heures vous serez prêts pour méditer. Et que demandons-nous ? Que de tout ce que vous possédez, vous en donnez un dixième au Divin. Une des choses que vous devez directement à Dieu, c’est votre temps – et un dixième de 24 heures font autour de 2 heures et 30 minutes ».
Yogi Bhajan – 19 novembre 1984
Tout d’abord, c’est la période la plus calme de toute la journée, et la moins propice aux distractions. Loin de l’agitation du quotidien, se lever pendant ces heures de la nuit permet de méditer profondément sans risquer d’être interrompu par des contraintes extérieures.
Sur le plan physiologique, l’organisme commence à sécréter un cocktail d’hormones destinées à réveiller le corps à partir de 4h du matin : glucose, adrénaline et cortisol sont au rendez-vous.
À un niveau plus subtil, se lever à cette-heure là est considéré comme étant le moment le plus efficace de la journée pour méditer. En effet, c’est le moment où le subconscient est le plus présent, notamment dans le sommeil paradoxal qui intervient en majorité à cette période de la nuit.
L’idée est que, que nous soyons réveillé·e·s ou non, le subconscient va se déverser dans notre esprit à ce moment-là de toute façon. Donc le mieux est d’être en conscience, car le rêve est un moyen très lent et inconscient de traiter les enjeux non-résolus qui émergent du subconscient.
En bref, c’est à cette heure-là que la méditation remplit le mieux son rôle principal, que Yogi Bhajan appelait « vider les poubelles du subconscient ». Pour avoir ensuite une journée claire et débarrassée de l’influence trop forte du subconscient, le meilleur moyen serait donc de se réveiller pour l’observer.
En nous attelant quotidiennement à cette pratique, et en ouvrant ainsi consciemment les portes du subconscient chaque matin, le process viendrait revitaliser l’être tout entier plutôt que de drainer et fatiguer les corps physiques et émotionnels comme on pourrait le penser.
Il est indiqué que méditer pendant l’Amrit Vela est simplement le moyen le plus efficace d’accompagner et d’accélérer notre évolution en tant qu’espèce consciente. (Source : Spirit Rising Yoga)
Et dans d’autres traditions ?
Il est intéressant d’observer que dans d’autres religions, l’hindouisme et l’islam par exemple, on retrouve aussi cette notion d’heures sacrées juste avant le lever du soleil. Elles sont appelées différemment : Brahm Mahurat pour l’hindouisme et Fazhr ki Namaz pour l’islam.
Dans le christianisme, la notion de prière matinale est également bien présente : appelées cette fois « heures canoniales », elles divisent la journée en différents temps de prière selon l’heure et la saison. Les « matines » sont les prières dites juste avant l’aube, au point du jour, pour un moment privilégié de connexion des prêtres avec le divin. (Source : Wikipédia)
Également dans le monde de l’entreprise moderne, nombreux sont les chefs d’entreprises célèbres qui prônent ce réveil à l’aube comme clef du succès : Tim Cook, PDG d’Apple, est connu pour se lever autour de 3h45 du matin. (Source : CNBC)
Dans un autre registre, le Dalai Lama commence également toutes ses journées à 3h30 du matin, par de longues heures de méditation, avant de prendre ses fonctions officielles autour de 8h du matin. (Source : Wisdom Experience).
Les vertus des heures ambrosiales
« Ce sont les heures où la planète Terre et le soi passent dans des zones floues du Temps et de l’Espace. Ces heures sont de 4h à 7h du matin et de 16h à 19h le soir. Le matin, on les appelle Amrit Vela, et le soir, « le temps de prière« . Toute méditation pratiquée en état d’union à ce moment précis nous offre des lendemains clairs et efface les causes de la souffrance, dont les graines se trouvent dans nos pensées. Grâce à la méditation, nous sommes sauvés. Cela s’appelle Mokosha, Nirvana, rédemption ou libération. L’équilibre que nous atteignons au bout du compte va influer sur la façon dont nous allons quitter cette planète pour nous fondre à nouveau en Dieu, et sur notre prochaine incarnation. Cela, par essence, complète et explique la théorie de la cause et de l’effet, la théorie de la réincarnation, la théorie des archives akashiques, ou ava gavan. »
Yogi Bhajan
Scientifiquement parlant, c’est l’heure où les FEM (Fréquences Electro-Magnétiques) des divers appareils électroniques sont à leur niveau le plus bas. C’est aussi le moment où l’angle formé par la Terre avec le Soleil présente les conditions optimales de réceptivité au niveau des champs subtils.
Concrètement, cela veut dire qu’il sera plus facile pour nous de se connecter au subtil en ouvrant les canaux pendant ces heures-là, plutôt qu’à toute autre heure de la journée ou de la nuit.
C’est aussi le moment de se remplir de prâna (énergie vitale) pendant que le silence est total autour de nous : sans aucun bruit non désiré à l’extérieur, on peut se tourner vers l’intérieur et connecter à notre âme. Si les conflits intérieurs sont résolus à cette heure-là, la journée peut ensuite commencer et se dérouler en paix.
Enfin, c’est selon Yogi Bhajan la période de la journée qui correspond au chakra du coeur : si on s’assoie pour méditer et qu’on s’incline pour prier à cette période, alors on atteint l’état de félicité et d’union qui est à l’origine de toutes les pratiques de yoga. (Source : SikhDharma)
Mais alors, comment gérer le temps de sommeil ?
« Les Ecritures disent : si vous voulez vivre en bonne santé, ne mangez pas après 16h le soir. Et si vous voulez vivre de façon magnifique et intuitive, alors ne dormez pas après 4h le matin. »
Yogi Bhajan
Cette proposition de se lever avant l’aube vient évidemment avec la première question qui est lié au réveil : le nombre d’heures de sommeil.
Sur ce point, toutes les sources convergent pour indiquer que les meilleures heures de sommeil (c’est-à-dire les plus réparatrices) sont avant minuit.
Se coucher tard et se lever tard implique donc deux inconvénients majeurs (selon les lois biologiques et yogiques).
1. Vous ne profitez pas de la meilleure qualité de sommeil possible.
2. Vous passez une partie de votre temps de sommeil aux prises avec le subconscient qui se déverse dans votre esprit sous forme de rêves ou d’agitations.
Le sommeil profond, celui qui permet réellement au système immunitaire, au métabolisme, au cerveau et autres systèmes vitaux, de se régénérer, dépend largement de notre style de vie. Et notre capacité à conserver un sommeil suffisamment profond dans nos cycles de sommeil est essentielle à notre bonne santé physique, notre croissance spirituelle et notre fonctionnement intellectuel.
Une des principales fonctions du sommeil profond est de régénérer les capacités de concentration du cerveau : le manque de sommeil va entraîner un manque de concentration et donc nous faire perdre de l’énergie toute la journée. Tandis qu’un sommeil profond suffisant nous offre la possibilité d’intégrer et de digérer de nouvelles informations.
Tout cela fonctionne bien jusqu’au moment où un déséquilibre s’installe : la perturbation des cycles de sommeil est souvent une cause de maladie physique ou d’instabilité émotionnelle. L’obésité, le diabète, l’hypertension, la déficience immunitaire… Tous ces syndromes sont liés de près à la qualité du sommeil. (Source : Sikhnet)
Amrit Vela : Un rendez-vous avec Soi
« Amrit Vela est le moment de faire votre Sadhana. Aux heures ambrosiales, après une douche froide, vous vous asseyez avec vous-même et vous vous conquérez vous-même. Une fois que vous vous êtes conquis vous-même, alors vous pouvez conquérir le monde entier »
Yogi Bhajan – 9 Septembre 1995
C’est pour cela que Guru Nanak, puis Yogi Bhajan, insistaient autant sur l’importance cruciale de se lever aux heures ambrosiales. Quand le soleil est à cet angle bien précis de 30 degrés sous l’horizon, c’est le moment de nous lever, de nous laver (à l’eau froide si possible), et de méditer pour nettoyer notre esprit.
Cela nous permet de capter l’énergie montante du soleil à ce moment-là, comme un surfer qui s’est mis en position pour attraper la prochaine vague. Le corps est rechargé et apaisé, l’esprit et clair et immobile. C’est depuis ce point zéro, appelé shunya, qu’on peut ensuite commencer une journée et une existence libérée de toutes sortes d’obstacles et d’encombrements.
Se lever pour l’Amrit Vela, quelle que soit la situation, demande d’adapter son mode de vie : si le corps demande 6h à 7h de sommeil, cela implique de se coucher… bien plus tôt. Mais cette pratique peut devenir la base solide d’une spiritualité ancrée dans le quotidien, et peu à peu opérer la transition de Sadhana (effort quotidien) à Aradhana (habitude quotidienne).
De l’importance d’adapter la pratique
Une nuance ici s’impose : il est bien spécifié dans le manuel d’enseignant de Kundalini Yoga de Niveau 1 qu’il existe des exceptions à cette proposition de se lever aux aurores.
Notamment pour les jeunes parents, qui sont déjà souvent en manque de sommeil. Élever un ou plusieurs enfants en bas âge constitue déjà un kriya bien suffisant en soi ! Dans ce cas, chacun·e est appelé à faire de son mieux et bien sûr d’adapter la pratique et les horaires aux possibilités offertes par son style de vie à ce moment-là.
Dans un monde où le syndrome de stress chronique est au plus haut et nombre d’entre nous sont déjà surmenés, la pratique du Yoga n’est pas censée devenir une pression supplémentaire ! Gardons cela en tête quand nous mettons notre réveil avant de nous coucher le soir. S’épuiser et vider les réserves de notre organisme pour parvenir coûte que coûte à se lever à 4h tous les jours, au prix d’une surdose de cortisol (hormone du stress) dans le corps, n’est pas la solution la plus souhaitable.
Il en va de même pour la pratique de Ishnaan (la douche froide au réveil). Pour certaines constitutions et à certaines époques de la vie, ce n’est pas le meilleur moyen de procéder. Nous sommes simplement invité·e·s à expérimenter ces pratiques et sentir ce qui est le plus juste pour nous.