1000 jours de pratique en Kundalini Yoga

Témoignage de Param Prakash Kaur, enseignante et secrétaire de la Fédération. 

« Wahe guru ! 1000 ! C’est aujourd’hui !

Il y a quelques années, j’ai demandé à mon enseignante de me donner une sadhana de 1000 jours, je me sentais prête pour cette aventure. Mais elle m’a dit non : « Sois patiente, ça ne va tarder. C’est à toi de trouver ta sadhana. Un jour, bientôt, tu sauras, ce sera une évidence ». Et comme toujours elle avait raison. Quand on est parti pour 1000 jours, il vaut mieux ne pas se tromper….

Et c’est arrivé effectivement comme une évidence : une sadhana qui ne voulait pas s’arrêter à 40 jours, et qui n’a pas voulu s’arrêter non plus après 120 jours. J’étais en route pour l’aventure. Tout a commencé le 10/10/2020 sans que j’aie choisi la date et le voyage se termine aujourd’hui le 07/07/2023, deux dates miroirs, deux portails sculptés par la providence à l’entrée et à la sortie de ce chemin.

La première et la deuxième année, j’ai planté un arbre pour fêter ces anniversaires.  Ils fleurissent tous les 2 cet été.

1000 jours pour changer et 1000 jours pour maîtriser une nouvelle habitude, lit-on dans notre manuel.

Il y a d’abord cette sacrée habitude de se lever tôt qui finit par devenir une habitude sacrée. Enfin, pas si facile tous les jours. Même mon chat qui sait bien qu’avant la sadhana, il y a d’abord pour moi la toilette et pour lui les croquettes,  m’a fait quelques infidélités et a préféré rester sous la couette. Pourtant j’ai tenu bon, tous les jours, chaque jour, même lorsque j’ai eu le covid à 2 reprises, même lorsque je me suis cassé une côte. J’ai fait alors ce que je pouvais, mais ce que je pouvais, je le faisais.

Et pas un jour ne ressemblait au précédent. Dans la répétition, j’ai découvert la singularité de l’instant.

J’ai chanté le Japji sur tous les tons et tous les tempos pour y trouver la permanence de la vérité du son et du rythme, la réponse à un manque dans la réalité de ce qui me dépasse. J’y ai entendu la part collective à laquelle j’appartiens si intimement qu’elle fait partie de moi, le sacré.

Je me suis baignée avec délice dans des lacs de larmes souterrains. J’ai éclaté de rire toute seule sur mon tapis et sans raison. Les anges venaient me dire que j’étais folle. Et j’ai ri aux anges. Dans les moments de grâce, funambule maladroite, j’ai réussi à marcher sur le fil de la neutralité sans avoir peur du vide.

Petit à petit, sans que j’en fasse une priorité, mes postures se sont perfectionnées. Coucou, mon ego ! Toujours aussi en forme !

Trois minutes de strech pose, déjà ? Pourquoi 26 grenouilles quand il me faut moins de 3 minutes pour en faire 54 les doigts dans le nez ? J’ai retrouvé certains jours l’énergie de mes 20 ans pour me souvenir le lendemain que j’approche des 60. Encore une fois les anges venaient rire avec moi.

J’ai gagné en souplesse, j’ai cerné mes faiblesses.

Et j’ai baissé la tête pour voir mes pieds ancrés dans le sol.

J’ai découvert que ma pratique ne m’immunisait en rien contre la fatigue, la maladie et même la mort.

Ce que donne la pratique, ce sont les moyens d’éveiller la compassion et la conscience dans ce royaume humain, outils pour permettre au cœur d’intégrer cela.

J’ai alors appris à incliner mon cœur avant ma tête. Ainsi chaque instant de la vie peut devenir une terre fertile pour la sadhana, une invitation à approfondir le lien de notre âme avec la vie.

J’ai entendu la voix de mon âme dans mon corps douloureux. Je l’ai entendue chuchoter dans les parties abandonnées de moi-même que je n’écoutais plus. Elle a parlé dans la bénédiction  de mes respirations. J’ai alors revendiqué mon corps tout entier, avec ses joies et ses limites, en comprenant que l’énergie du corps est l’énergie de Dieu. Tout arrive à travers lui !

Kabir, poète mystique indien a écrit : «Saute dans l’expérience tant que tu es vivant… Ce que tu nommes « le salut » appartient au temps d’avant la mort.»

Je ne sais pas si je maîtrise quoi que ce soit aujourd’hui. Je sais seulement qu’il n’y a pas d’excellence sans courage et sans ténacité, pas d’excellence sans humilité, sans grâce et sans prière. Ma vision est plus claire aujourd’hui. J’ai eu pourtant peur de me trouver démunie à la fin de ces 1000 jours. Que faire après ?

Mais au contraire, un nouveau chemin se dessine, j’ai défini des axes précis. Bien sûr, mon chat, les anges et mes démons sont toujours avec moi et je vais tenir bon. Je commence demain une nouvelle sadhana de 40 jours, puis une autre et peut-être encore une autre jusqu’à la prochaine évidence.

J’attends l’automne avec impatience pour planter un arbre. Un arbre fruitier, bien sûr ! »

Param Prakash Kaur

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